Observatoire de l'inflation 2023 : l’étau se resserre sur les prestataires de santé à domicile
Les données 2023 de l'observatoire confirment l'ampleur des difficultés rencontrées par les PSAD. Deux postes sont principalement impactés : les achats, notamment pour les activités dépendant de fournisseurs en situation d'oligopole (jusqu'à +6,6 % pour l'insulinothérapie) et les charges de personnel. Pour rappel, les PSAD sont dans l’impossibilité de répercuter ces hausses à cause des prix limites de vente fixés par le Comité économique des produits de santé (CEPS). Concrètement, les entreprises ont en partie compensé l'impact de l'inflation en recherchant des gains d'efficience et elles ont soit freiné leursembauchessoit engagé des plans socio-économiques (PSE).
L’effet de ciseau observé entre l’inflation et la baisse des tarifs réglementés imposée par le Gouvernement continue donc de menacer l’équilibre des entreprises et associations PSAD. Les effets conjugués de l’inflation et des baisses de prix atteignent 120 millions d’euros en 2023, ce qui va dégrader considérablement les marges des entreprises du secteur PSAD. Les conséquences de cette chute des marges sont les suivantes : les entreprises n’ont plus les moyens d’investir pour renouveler leur parc de matériel, ni d’investir sur l’innovation, et s'interrogent même sur le maintien de certaines activités.
Dans le détail, en 2023 :
Les taux d'inflation par sous-secteur sont : insulinothérapie (+ 3,9%), perfusion/nutrition (+3%), stomie/incontinence (+3,9%) et respiratoire (+2,2%).
L’impact global des coûts pour les PSAD s’élève à 121 millions d’euros.
Des PSE ont été annoncés et leurs impacts seront à suivre en 2024.
Constatant les résultats de l’observatoire 2023 de l’inflation, la FEDEPSAD renouvelle son souhait de co-construire avec le gouvernement et le CEPS, le cadre d’une régulation pérenne et soutenable économiquement qui préservera l’accompagnement des patients et l’innovation. La FEDEPSAD appelle les pouvoirs publics à la mise en place d’un new deal fondé sur la performance des PSAD.
Ce vaste chantier ne sera possible que si les entreprises ont le temps de s’adapter et de transformer leur modèle. Les PSAD sont prêts à échanger des gains d’efficience avec maintien de la performance, en échange de gains de productivité, à la condition qu’on leur laisse la latitude de personnaliser leurs prises en charge. Le système de santé a tout à gagner avec ce new deal, et les patients aussi.
Les prestataires de santé à domicile soutiennent l’aboutissement rapide de la réforme mais mettent en garde contre les effets d’annonce
Ils exigent des engagements du gouvernement afin que la réforme ne se fasse
Les syndicats des prestataires de Santé à domicile (FEDEPSAD, UNPDM, UPSADI) ont été convoqués lundi 1er juillet dans l’urgence avec l’ensemble des parties prenantes par le Ministère de la Santé. Après plus de 2 ans de négociations d’une réforme voulue par le Président de la République et attendue par les usagers, l’administration a annoncé qu’elle mettait unilatéralement fin aux travaux de concertation. Le ministère a décidé de publier en urgence les textes non aboutis, d’une réforme bâclée qui sera inapplicable et inopérante.